C’est dans son discours du 20 février 2008 que Xavier Darcos présente une refonte des programmes de l’école, programmes qui avaient fait l’objet d’une relecture en 2007 dans la problématique du socle commun de connaissances et de compétences (loi de 2005), après avoir connu des "ajustements" censés traduire la pensée de Gilles de Robien en matière d’apprentissages, de la lecture tout particulièrement.
Les programmes actuels de l’école, dits programmes de 2002, et qui d’ailleurs ne sont pas encore totalement entrés en application,avaient été élaborés par un groupe d’experts présidé par le recteur Joutard,en articulation avec le Conseil National des Programmes (supprimé par la loi de 2005 ; présidé à l’époque par Luc Ferry), et avec une consultation des enseignants et des instances (Conseil Supérieur de l’Education et sa commission spécialisée école) approfondie, dynamique et fructueuse.
Ces programmes avaient été largement reconnus comme novateurs et susceptibles de favoriser la réussite des élèves du primaire.
Aujourd’hui, et sans qu’aucune évaluation des programmes de 2002 ait été conduite, des programmes "nouveaux" élaborés où ? par qui ? font l’objet d’une consultation calamiteuse tant sur le terrain que sur le site du ministère :cf le témoignage-analyse de Jean-Michel Zakhartchouk "toutes les manipulations sont possibles" sur le site du Café Pédagogique.
L’ensemble des forces progressistes, individuelles et collectives, s’accordent à penser que ces programmes constituent une régression majeure et qu’ils tournent le dos à l’objectif de la réussite de tous dans les acquisitions nécessaires au citoyen du XXIーs. (cf pétition en ligne dans la partie "l’Iréa signale").
Dès le 6 mars, 19 organisations s’adressaient ensemble au ministre (cf 19 organisations réagissent ensemble au projet de programme de l’école primaire). Ces organisations réitèrent d’ailleurs leur démarche commune par la mise en ligne sur leur site d’un argumentaire commun (cf argumentaire commun aux 19 organisations Programme du primaire), argumentaire accompagné d’une série de références pour aller plus loin dans la réflexion.
Le Nouvel Observateur de la semaine du jeudi 13 mars publie un texte signé de Luc Ferry et Jack Lang intitulé Non aux nouveaux programmes de l’école primaire !
et les prises de position se multiplient ; on citera volontiers ici pour compléter le "pour en savoir plus" accompagnant l’argumentaire des 19 :
– de Philippe Joutard Une école de l’ennui et de l’échec,
– de Claude Lelièvre "Un appel contre les nouveaux programmes" ,
– de Philippe Meirieu "Les nouveaux programmes du primaire : une fuite en avant",
– de Sylvie Plane "L’école de Topaze" sur le site des Cahiers Pédagogiques,
– de Catherine Tauveron "Des programmes qui renforcent l’échec"
– ... et beaucoup d’autres peuvent être lues sur les sites respectifs des 19 signataires .
Cela ressemble bien à ce que traditionnellement on appelle "une levée de boucliers".
Il n’en demeure pas moins que le MEN a publiéle projet de programmes de l’école primaire qui sera soumis au prochain Conseil supérieur de l’éducation (CSE).
A la suite de ce projet, un communiqué de presse a été publié par 20 organisations
Il est reproduit ci-dessous et sous forme de fichier téléchargeable
PROGRAMMES DU PRIMAIRE :
LE MINISTRE PEUT ENCORE EVITER UN ENORME GACHIS
Début mars, ensemble, 19 organisations demandaient au Ministre de l’Education nationale de suspendre son projet de programmes pour l’école primaire, pour en revoir profondément la conception et la rédaction.
Le 29 avril, elles ont pris connaissance des modifications rendues publiques par Xavier Darcos. Elles n’y trouvent que très partiellement réponse à leurs inquiétudes. En effet, les aménagements apportés ne touchent pas à la logique globale de l’ensemble du texte.
Malgré les quelques retouches opérées et les avancées concernant l’école maternelle, les critiques de fond restent donc intactes : inadaptation et alourdissement des contenus, affaiblissement de leur dimension culturelle, conception mécaniste des apprentissages.
Dans ce contexte, il y aurait danger à ce que soient instaurées de telles instructions, qui, loin de contribuer à la réussite de tous les élèves, pénalisent de fait ceux qui ont le plus besoin d’école. Il n’est pas encore trop tard pour éviter cela.
Les 19 organisations, rejointes par la FGPEP, demandent à nouveau au Ministre de l’Education nationale de surseoir à ce projet et de prendre le temps d’une concertation approfondie, s’appuyant sur l’avis des spécialistes, des différentes associations et organisations concernées, mais aussi sur ce qu’ont vraiment dit les enseignants à travers les demi-journées où ils ont pu s’exprimer en mars.
Paris, le 6 Mai 2008
Les 20 organisations signataires :
– AGEEM (Association Générale des enseignants des Ecoles Maternelles publiques)
– AFEF (Association française des enseignants de français)
– AIRDF (Association Internationale pour la recherche en didactique du français)
– FCPE (Fédération des Conseils de Parents d’Elèves)
– CEMEA (Centres d’Entraînement aux Méthodes d’Education Active)
– CRAP-Cahiers pédagogiques.
– FOEVEN (Fédération des Oeuvres Educatives et de Vacances de l’Education Nationale)
– FRANCAS (Francs et Franches Camarades)
– GFEN (Groupe Français d’Education Nouvelle)
– ICEM (Institut Coopératif de l’Ecole Moderne)
– JPA (Jeunesse au Plein Air)
– LIGUE de l’ ENSEIGNEMENT et USEP (Union Sportive de l’Enseignement du Premier degré)
– OCCE (Office Central de la Coopération à l’Ecole)
– SNUipp-FSU (Syndicat National Unitaire des Instituteurs et Professeurs des Ecoles)
– SE-UNSA (Syndicat des Enseignants)
– SGEN-CFDT (Syndicat Général de l’Education Nationale)
– SI-EN-UNSA (Syndicat des inspecteurs de l’Education Nationale)
– SNPI-FSU (Syndicat des personnels d’inspection de l’Education Nationale)
– FGPEP (Fédération Générale des Pupilles de l’Ecole Publique)
Contacts presse :
SE- UNSA : Brigitte Biardoux, 01 44 39 23 93
Sgen- CFDT : Edith Meaume, 01 56 41 51 02
Snuipp-FSU : Mathilde Radzion, 01 44 08 69 32