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Résumé du débat avec Pierre Tournemire

Question : Concernant le traitement actuel de la diversité des populations notamment en référence à la multiplication de fichiers récemment mis en place et qui stigmatisent les populations.

P.Tournemire :
A chaque fois qu’on crée les conditions d’essentialiser les questions on enferme les gens dans des identités qui ne leur permettent pas de vivre ensemble. L’identité est faite aussi de projets , de capacité à se projeter dans l’avenir. Il faut combattre le fichage et c’est plus compliqué de combattre aussi les a-priori sur les gens. La question de la gestion de la diversité est une question difficile car très politique. Si le président de la République avait abordé la question de la laïcité par la gestion de la diversité il aurait provoqué des débats passionnés entre des gens qui se réfèrent aux mêmes principes de laïcité.

Question : Portant à la fois sur la construction d’édifices du culte, le traitement de l’Islam et le sentiment que « quand on parle de laïcité on ne parle jamais de la religion juive. »

P.Tournemire :
Concernant la question de la construction des édifices du culte, il n’y a aucune jurisprudence du Conseil d’Etat. En 1901, la loi prévoyait la création d’associations cultuelles pour gérer les édifices. Le Pape a demandé à l’Eglise de France de refuser cela. Aristide Briand a alors proposé que les bâtiments soient mis à disposition sans titre juridique, pour le clergé et ses fidèles. Depuis 1905, la République met à disposition et entretient les lieux de culte, elle assure et garantit la liberté du culte. D’où la question qui pourrait être posée au Conseil d’Etat : des bâtiments publics, propriété de la puissance publique pourraient-ils être mis à la disposition d’autres cultes comme le sont ceux mis à disposition du culte catholique ? Cela nécessiterait d’aborder au Parlement la question de la révision de la loi de 1905, ce qui demeure problématique. Des mesures de bon sens pourraient être prises, en attendant, au niveau des maires..Il y a aujourd’hui plus de 3000 lieux de culte musulman construits en France ce qui indique bien que nous ne sommes pas en présence d’un problème de nature juridique mais bien plutôt politique et culturel.

La question est posée sur l’Islam car c’est l’Islam qui pose le problème. Auparavant, dans les années soixante, les travailleurs immigrés étaient utilisés comme main d’œuvre et ils se taisaient. Les enfants de ces travailleurs immigrés ont des difficultés d’accès à l’emploi et ne veulent pas se taire. Ils veulent être reconnus pour ce qu’ils sont, entre autre dans leur pratique religieuse quand bien même cette pratique n’est pas plus marquée que pour les autres religions. C’est d’abord une question de reconnaissance, d’identité. Le drame, c’est que la France n’a jamais appliqué la loi de 1905 en Algérie.

Les écoles juives sous contrat ne respectent pas les obligations du contrat. C’est une vraie question pour trouver des moyens d’application de la loi.

La laïcité est une des valeurs auxquelles les français sont le plus attachés ; derrière cet attachement, les motivations sont très variées. Un effort est à faire pour éviter les formules incantatoires qui légitiment ensuite qu’on puisse reprendre des propos à caractère raciste. Il faut plutôt apprendre à gérer la diversité à travers les modes de vie quotidiens. En menant des actions en commun, on démontrerait qu’il n’est plus nécessaire d’afficher ses convictions religieuses pour en attester la sincérité.

Questions :
Une intervenante se déclare moins optimiste craignant qu’une autre stratégie ne se mette en place à partir d’éléments fondamentalistes. Elle donne son accord aux conditions posées par P.Tournemire mais s’interroge sur celle relative à la justice sociale et considère qu’avec la revendication « du droit à la différence » nous avons abandonné le combat idéologique. Comment reprendre la réflexion sur les questions comme la tolérance et l’identité comment conjuguer République et démocratie ?

Une autre intervenante considère que la laïcité doit être le rempart contre l’islamisme et déplore la gestion de la question du voile par Lionel Jospin en 1989.

P.Tournemire :
Il faut se méfier des mots, des qualificatifs comme « fondamentalistes ». La République doit permettre tout ce qui est possible sauf ce qui est contraire aux lois fondamentales et au respect des personnes. L’Ecole n’est pas en dehors du droit et les jugements administratifs concernant la question du voile se sont portés sur le non-respect du droit par des établissements scolaires. En 2003, il fallait mettre un terme à cette situation confuse mais lui-même n’est pas fier de cette loi qui dit : » il est interdit de… »Le génie d’Aristide Briand, en 1905, c’est de poser en préalable des principes de liberté et non pas des mesures d’interdiction.

Questions :
Un intervenant revient sur la dimension politique de la laïcité et insiste sur l’importance des appartenances multiples d’un individu sans que son identité soit réduite à ses appartenances.

Une autre intervenante s’interroge sur la possibilité de concilier la démocratie avec une conception qui veut assurer la préeminence de Dieu dans tous les actes de la vie ; elle pose la question de la volonté de soumission des femmes par des discours religieux.

Une autre intervenante poursuit en s’interrogeant sur la place et les droits des femmes en particulier pour celles des banlieues. Elle estime que le multiculturalisme est le contraire du « vivre ensemble ».

P.Tournemire :
Je suis tout à fait d’accord pour affirmer que tout individu doit avoir le libre choix de ses appartenances et la liberté de s’en séparer. Il faut à la fois respecter les différences et affirmer l’importance de l’intérêt général. La diversité culturelle doit être respectée mais elle ne doit pas enfermée les gens.
La séparation du politique et du religieux constitue un impératif. La loi doit protéger la foi aussi longtemps que la foi ne veut pas imposer la loi.

Je suis très attaché à l’égalité des droits pour les femmes mais sur cette question la France ne doit pas trop se poser en donneuse de leçons.

Ce n’est pas de la naïveté que de faire le pari de la liberté. Si on ne peut pas convaincre, cela ne sert à rien de contraindre. Il faut créer les conditions pour que les gens aient envie d’agir ensemble, banalisant ainsi leurs particularités.

Question : Concernant le traitement actuel de la diversité des populations notamment en référence à la multiplication de fichiers récemment mis en place et qui stigmatisent les populations.

P.Tournemire :
A chaque fois qu’on crée les conditions d’essentialiser les questions on enferme les gens dans des identités qui ne leur permettent pas de vivre ensemble. L’identité est faite aussi de projets , de capacité à se projeter dans l’avenir. Il faut combattre le fichage et c’est plus compliqué de combattre aussi les a-priori sur les gens. La question de la gestion de la diversité est une question difficile car très politique. Si le président de la République avait abordé la question de la laïcité par la gestion de la diversité il aurait provoqué des débats passionnés entre des gens qui se réfèrent aux mêmes principes de laïcité.

Question : Portant à la fois sur la construction d’édifices du culte, le traitement de l’Islam et le sentiment que « quand on parle de laïcité on ne parle jamais de la religion juive. »

P.Tournemire :
Concernant la question de la construction des édifices du culte, il n’y a aucune jurisprudence du Conseil d’Etat. En 1901, la loi prévoyait la création d’associations cultuelles pour gérer les édifices. Le Pape a demandé à l’Eglise de France de refuser cela. Aristide Briand a alors proposé que les bâtiments soient mis à disposition sans titre juridique, pour le clergé et ses fidèles. Depuis 1905, la République met à disposition et entretient les lieux de culte, elle assure et garantit la liberté du culte. D’où la question qui pourrait être posée au Conseil d’Etat : des bâtiments publics, propriété de la puissance publique pourraient-ils être mis à la disposition d’autres cultes comme le sont ceux mis à disposition du culte catholique ? Cela nécessiterait d’aborder au Parlement la question de la révision de la loi de 1905, ce qui demeure problématique. Des mesures de bon sens pourraient être prises, en attendant, au niveau des maires..Il y a aujourd’hui plus de 3000 lieux de culte musulman construits en France ce qui indique bien que nous ne sommes pas en présence d’un problème de nature juridique mais bien plutôt politique et culturel.

La question est posée sur l’Islam car c’est l’Islam qui pose le problème. Auparavant, dans les années soixante, les travailleurs immigrés étaient utilisés comme main d’œuvre et ils se taisaient. Les enfants de ces travailleurs immigrés ont des difficultés d’accès à l’emploi et ne veulent pas se taire. Ils veulent être reconnus pour ce qu’ils sont, entre autre dans leur pratique religieuse quand bien même cette pratique n’est pas plus marquée que pour les autres religions. C’est d’abord une question de reconnaissance, d’identité. Le drame, c’est que la France n’a jamais appliqué la loi de 1905 en Algérie.

Les écoles juives sous contrat ne respectent pas les obligations du contrat. C’est une vraie question pour trouver des moyens d’application de la loi.

La laïcité est une des valeurs auxquelles les français sont le plus attachés ; derrière cet attachement, les motivations sont très variées. Un effort est à faire pour éviter les formules incantatoires qui légitiment ensuite qu’on puisse reprendre des propos à caractère raciste. Il faut plutôt apprendre à gérer la diversité à travers les modes de vie quotidiens. En menant des actions en commun, on démontrerait qu’il n’est plus nécessaire d’afficher ses convictions religieuses pour en attester la sincérité.

Questions :
Une intervenante se déclare moins optimiste craignant qu’une autre stratégie ne se mette en place à partir d’éléments fondamentalistes. Elle donne son accord aux conditions posées par P.Tournemire mais s’interroge sur celle relative à la justice sociale et considère qu’avec la revendication « du droit à la différence » nous avons abandonné le combat idéologique. Comment reprendre la réflexion sur les questions comme la tolérance et l’identité comment conjuguer République et démocratie ?

Une autre intervenante considère que la laïcité doit être le rempart contre l’islamisme et déplore la gestion de la question du voile par Lionel Jospin en 1989.

P.Tournemire :
Il faut se méfier des mots, des qualificatifs comme « fondamentalistes ». La République doit permettre tout ce qui est possible sauf ce qui est contraire aux lois fondamentales et au respect des personnes. L’Ecole n’est pas en dehors du droit et les jugements administratifs concernant la question du voile se sont portés sur le non-respect du droit par des établissements scolaires. En 2003, il fallait mettre un terme à cette situation confuse mais lui-même n’est pas fier de cette loi qui dit : » il est interdit de… »Le génie d’Aristide Briand, en 1905, c’est de poser en préalable des principes de liberté et non pas des mesures d’interdiction.

Questions :
Un intervenant revient sur la dimension politique de la laïcité et insiste sur l’importance des appartenances multiples d’un individu sans que son identité soit réduite à ses appartenances.

Une autre intervenante s’interroge sur la possibilité de concilier la démocratie avec une conception qui veut assurer la préeminence de Dieu dans tous les actes de la vie ; elle pose la question de la volonté de soumission des femmes par des discours religieux.

Une autre intervenante poursuit en s’interrogeant sur la place et les droits des femmes en particulier pour celles des banlieues. Elle estime que le multiculturalisme est le contraire du « vivre ensemble ».

P.Tournemire :
Je suis tout à fait d’accord pour affirmer que tout individu doit avoir le libre choix de ses appartenances et la liberté de s’en séparer. Il faut à la fois respecter les différences et affirmer l’importance de l’intérêt général. La diversité culturelle doit être respectée mais elle ne doit pas enfermée les gens.
La séparation du politique et du religieux constitue un impératif. La loi doit protéger la foi aussi longtemps que la foi ne veut pas imposer la loi.

Je suis très attaché à l’égalité des droits pour les femmes mais sur cette question la France ne doit pas trop se poser en donneuse de leçons.

Ce n’est pas de la naïveté que de faire le pari de la liberté. Si on ne peut pas convaincre, cela ne sert à rien de contraindre. Il faut créer les conditions pour que les gens aient envie d’agir ensemble, banalisant ainsi leurs particularités.

Question : Concernant le traitement actuel de la diversité des populations notamment en référence à la multiplication de fichiers récemment mis en place et qui stigmatisent les populations.

P.Tournemire :
A chaque fois qu’on crée les conditions d’essentialiser les questions on enferme les gens dans des identités qui ne leur permettent pas de vivre ensemble. L’identité est faite aussi de projets , de capacité à se projeter dans l’avenir. Il faut combattre le fichage et c’est plus compliqué de combattre aussi les a-priori sur les gens. La question de la gestion de la diversité est une question difficile car très politique. Si le président de la République avait abordé la question de la laïcité par la gestion de la diversité il aurait provoqué des débats passionnés entre des gens qui se réfèrent aux mêmes principes de laïcité.

Question : Portant à la fois sur la construction d’édifices du culte, le traitement de l’Islam et le sentiment que « quand on parle de laïcité on ne parle jamais de la religion juive. »

P.Tournemire :
Concernant la question de la construction des édifices du culte, il n’y a aucune jurisprudence du Conseil d’Etat. En 1901, la loi prévoyait la création d’associations cultuelles pour gérer les édifices. Le Pape a demandé à l’Eglise de France de refuser cela. Aristide Briand a alors proposé que les bâtiments soient mis à disposition sans titre juridique, pour le clergé et ses fidèles. Depuis 1905, la République met à disposition et entretient les lieux de culte, elle assure et garantit la liberté du culte. D’où la question qui pourrait être posée au Conseil d’Etat : des bâtiments publics, propriété de la puissance publique pourraient-ils être mis à la disposition d’autres cultes comme le sont ceux mis à disposition du culte catholique ? Cela nécessiterait d’aborder au Parlement la question de la révision de la loi de 1905, ce qui demeure problématique. Des mesures de bon sens pourraient être prises, en attendant, au niveau des maires..Il y a aujourd’hui plus de 3000 lieux de culte musulman construits en France ce qui indique bien que nous ne sommes pas en présence d’un problème de nature juridique mais bien plutôt politique et culturel.

La question est posée sur l’Islam car c’est l’Islam qui pose le problème. Auparavant, dans les années soixante, les travailleurs immigrés étaient utilisés comme main d’œuvre et ils se taisaient. Les enfants de ces travailleurs immigrés ont des difficultés d’accès à l’emploi et ne veulent pas se taire. Ils veulent être reconnus pour ce qu’ils sont, entre autre dans leur pratique religieuse quand bien même cette pratique n’est pas plus marquée que pour les autres religions. C’est d’abord une question de reconnaissance, d’identité. Le drame, c’est que la France n’a jamais appliqué la loi de 1905 en Algérie.

Les écoles juives sous contrat ne respectent pas les obligations du contrat. C’est une vraie question pour trouver des moyens d’application de la loi.

La laïcité est une des valeurs auxquelles les français sont le plus attachés ; derrière cet attachement, les motivations sont très variées. Un effort est à faire pour éviter les formules incantatoires qui légitiment ensuite qu’on puisse reprendre des propos à caractère raciste. Il faut plutôt apprendre à gérer la diversité à travers les modes de vie quotidiens. En menant des actions en commun, on démontrerait qu’il n’est plus nécessaire d’afficher ses convictions religieuses pour en attester la sincérité.

Questions :
Une intervenante se déclare moins optimiste craignant qu’une autre stratégie ne se mette en place à partir d’éléments fondamentalistes. Elle donne son accord aux conditions posées par P.Tournemire mais s’interroge sur celle relative à la justice sociale et considère qu’avec la revendication « du droit à la différence » nous avons abandonné le combat idéologique. Comment reprendre la réflexion sur les questions comme la tolérance et l’identité comment conjuguer République et démocratie ?

Une autre intervenante considère que la laïcité doit être le rempart contre l’islamisme et déplore la gestion de la question du voile par Lionel Jospin en 1989.

P.Tournemire :
Il faut se méfier des mots, des qualificatifs comme « fondamentalistes ». La République doit permettre tout ce qui est possible sauf ce qui est contraire aux lois fondamentales et au respect des personnes. L’Ecole n’est pas en dehors du droit et les jugements administratifs concernant la question du voile se sont portés sur le non-respect du droit par des établissements scolaires. En 2003, il fallait mettre un terme à cette situation confuse mais lui-même n’est pas fier de cette loi qui dit : » il est interdit de… »Le génie d’Aristide Briand, en 1905, c’est de poser en préalable des principes de liberté et non pas des mesures d’interdiction.

Questions :
Un intervenant revient sur la dimension politique de la laïcité et insiste sur l’importance des appartenances multiples d’un individu sans que son identité soit réduite à ses appartenances.

Une autre intervenante s’interroge sur la possibilité de concilier la démocratie avec une conception qui veut assurer la préeminence de Dieu dans tous les actes de la vie ; elle pose la question de la volonté de soumission des femmes par des discours religieux.

Une autre intervenante poursuit en s’interrogeant sur la place et les droits des femmes en particulier pour celles des banlieues. Elle estime que le multiculturalisme est le contraire du « vivre ensemble ».

P.Tournemire :
Je suis tout à fait d’accord pour affirmer que tout individu doit avoir le libre choix de ses appartenances et la liberté de s’en séparer. Il faut à la fois respecter les différences et affirmer l’importance de l’intérêt général. La diversité culturelle doit être respectée mais elle ne doit pas enfermer les gens.
La séparation du politique et du religieux constitue un impératif. La loi doit protéger la foi aussi longtemps que la foi ne veut pas imposer la loi.

Je suis très attaché à l’égalité des droits pour les femmes mais sur cette question la France ne doit pas trop se poser en donneuse de leçons.

Ce n’est pas de la naïveté que de faire le pari de la liberté. Si on ne peut pas convaincre, cela ne sert à rien de contraindre. Il faut créer les conditions pour que les gens aient envie d’agir ensemble, banalisant ainsi leurs particularités.




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