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"5 à 7" n°31 du mercredi 17 avril 2013

L’andev et les rythmes scolaires avec Alain Bocquet

l’ANDEV et les rythmes scolaires

Intervenants : Alain BOCQUET, co-fondateur de l’ANDEV et la Directrice de l’Education à Guyancourt (78)

Participent à ce « 5 à 7 », une vingtaine de personnes, actifs ou retraités de l’Education Nationale, d’une part, personnels de collectivités territoriales « service Education » d’autre part.

Alain BOQUET présente d’abord l’ANDEV, association nationale des directeurs Education des villes. L’ANDEV, créée en 1992, est un réseau de professionnels qui mettent en commun leur expertise professionnelle, qui mutualisent informations et analyses, qui ont à se positionner dans le double attelage du système éducatif, spécifique à notre pays, depuis la 3ème République. A chacun des acteurs reviennent une légitimité et une responsabilité. Au Ministère de l’Education nationale (ex-Instruction publique) : la définition des diplômes et des enseignements ainsi que le recrutement, la formation et la rémunération des personnels (enseignants et Inspecteurs). Aux communes, à travers ses élus et ses cadres territoriaux : mise en place des conditions matérielles d’enseignement, sachant que son action répond à une double commande - la commune agissant et au nom de l’Etat et au nom des électeurs. La loi de décentralisation (1982) a réaffirmé la place de la commune par rapport au cycle « maternelle/ primaire » : la mairie est devenue un PARTENAIRE. Elle a dû inventer de nouveaux métiers, en particulier, directeur de l’Education ou des services éducatifs. La création de l’ANDEV a répondu aux besoins d’échanges et de formation de ces cadres, dont les effectifs commençaient à être largement renouvelés, qui vivaient leur fonction dans une forme d’isolement. L’ANDEV a évolué en s’ouvrant aux cadres des collectivités territoriales dont la fonction est dédiée à l’Education, quelle que soit la taille de la commune. L’ANDEV, dont le réseau compte aujourd’hui plus de 400 adhérents et un millier de contacts, est l’interlocutrice des syndicats, des associations dont celles de parents d’élèves, du CNFPT, des ministères, récemment dans le cadre de la concertation sur la refondation de l’Ecole et des rythmes scolaires. En co-signant « l’appel de Bobigny » (20/10/10), l’ANDEV s’est inscrite cette dynamique de projet collectif.
Les valeurs sur lesquelles l’ANDEV construit sa réflexion sont au nombre de 5 : * le service public d’éducation articule destin collectif (cohésion sociale) et destins individuels (réussite de chaque enfant) * il doit rester NATIONAL, financé par les impôts * « faire ensemble » est plus efficient que « faire seul » *les prérogatives respectives de l’Etat et des territoires doivent être connues et respectées *le territoire est le lieu d’innovation et de socialisation
Sur les RYTHMES SCOLAIRES, l’ANDEV pose 3 postulats : partir de l’emploi du temps des enseignants est un piège dont il faut sortir ; il faut rendre les heures d’enseignement volées aux enfants lors du passage à la semaine de 4 jours (-7,5%) ; la question des rythmes n’a aucun sens hors d’une réforme globale reposant sur une définition de la fonction que la société assigne à l’école. Sur ce 3ème point, la mobilisation sociale est difficile car l’école, en réalité centrée sur la réussite de futurs agrégés, chercheurs et prix Nobel , est perçue comme génératrice d’échecs et d’exclusions. Dans le projet de REFONDATION DE L’ECOLE, que V.PEILLON a choisi de construire « marche à marche », l’ANDEV s’est défini 5 champs d’intervention : *convergence de la formation des cadres de l’Education Nationale et des cadres territoriaux des services « Education » : mise en place de sessions mixtes favorisant échanges et confrontations des points de vue * éducation au numérique : ne peuvent être marginalisés les financeurs des matériels que sont les collectivités territoriales Elles ont à faire face et au lobby que constituent les fabricants et à la sous-utilisation des matériels installés … * transition entre les moments qui génèrent pour l’enfant des changements des statuts au fil de la journée (école, centre de loisirs ..) et de la scolarité (élève, coll égien…) : comment sortir du modèle unique pour laisser à chaque territoire une marge d’innovation ? *ergonomie des écoles : les collectivités territoriales finançant construction et rénovation sont concernés par toute décision modifiant les besoins en locaux (nombre d’intervenants, temps de présence des enseignants etc …, donc doivent y être associées *le droit à l’innovation et à l’expérimentation doit, pour prendre sens, être partagé entre personnels de l’Education Nationale et acteurs locaux, en particulier dans le cadre des PEL (projets éducatifs locaux)
Questions/réponses * comment amener les enseignants à s’engager dans une réforme fondée sur une remise en cause de l’existant, à accepter un dialogue constructif, intégrant les autres acteurs (associations) et les mairies, sans les cantonner au rôle de supplétif ou d’interlocuteur technique ? Faudra-t-il passer en force ? La refondation de l’école arrive après 10 ans de destruction de l’Ecole publique et est inscrite dans la durée : 2 atouts pour réussir, même si les résistances internes sont fortes (SNES et SNEP en particulier). La position du SGEN-CFDT au CSEN n’a pas fait l’objet d’une communication suffisante : oui sur la loi, abstention sur les rythmes scolaires. La faiblesse de l’encadrement intermédiaire dans l’Education Nationale ne facilite pas le processus de réforme car il prive les enseignants d’un accompagnement de proximité. L’émergence des collectivités territoriales dans le débat éducatif est portée par la loi (projet éducatif territorial) : débat et partenariat deviennent incontournables, des enseignants y sont prêts, d’autant plus qu’ils souffrent dans leur fonction. Certains ont déjà une pratique interinstitutionnelle (PEL, CLS, CESC, politique de la Ville …) * la concertation autour de la réforme et de sa mise en œuvre a-elle été suffisante ? Sur les rythmes scolaires, il est vrai que le temps de mise en place a été court et que les inégalités entre communes (ressources, effectifs par classe) risquent d’être amplifiées. Par ailleurs, les décisions immédiates, nécessaires, sont souvent douloureuses. Donc, en faisant de ce thème la priorité, on a fait peser sur les communes le poids de la mise en œuvre : « mauvais objet » pour les enseignants appelés à travailler plus… employeur ayant à renforcer une « filière animation » et à gérer des effectifs de groupes d’enfants en décalage par rapport aux normes d’encadrement habituelles. Sur la gestion nouvelle de l’aide personnalisée (passage de 50h à 36h), le flou persiste alors que les besoins des élèves sont réels ! Les Conseils municipaux d’enfants et Parlement des enfants n’ont pas été sollicités, alors que ces questions relèvent de leur compétence règlementaire …
En conclusion : les leviers existent… le « génie du local » sera le complément nécessaire du projet national …

Compte-rendu : Sylvie Boudoulec




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